récit fantastique : un tableau vivant

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source wikipédia
Artiste  Paul Gauguin
Date  1893
Technique
huile sur toile
Dimensions (H × L)
45 × 38 cm
Localisation
Musée d’Orsay, Paris (France)

Sujet : Fin XIXème siècle. Un jeune peintre sans argent est sur le point d’être expulsé de son logement qui lui sert d’atelier. Dans un bric-à-brac du marché, il tombe en arrêt devant un tableau représentant un portrait. Il I ‘achète pour quelques sous, l’emporte chez lui, le nettoie puis va se coucher. Il n’arrive vas à s’endormir et soudain, un étrange phénomène se produit. Imaginez ce qui se passe. Votre récit sera à la première ou à la troisième personne, rédigé au passé (sujet adapté d’un manuel Hatier, années 2000)

Consignes d’écriture

– Mettez en place le cadre réaliste (atelier).

– Décrivez le tableau. Introduisez les indices qui créent le malaise.

– Imaginez le phénomène fantastique. Créez les circonstances qui favorisent sa survenue (éclairage, recherche du sommeil).

– Introduisez les réactions du personnage (incertitude, trouble, peur, tentatives d’explications).

– Présentez le pouvoir bénéfique ou maléfique du tableau (effets immédiats ou ayant lieu le lendemain).

Suggestions pour vous aider à réussir votre récit :

  • Phrase d’amorce: Le tableau sous le bras, il entra (ou j’entrai) dans l’atelier. Profondément las, il le posa.
  • Description du tableau: De nouveau il s’approcha du portrait: yeux vivants, animés, regard intense, perçant
  • Atelier, éclairage et bruits: tableaux entassés, drapés de tissu, chevalet, pinceaux, désordre ; pièce éclairée par la lune, lueur d’une bougie, reflets rougeâtres (feu) ; bruit imperceptible, craquements, sifflement du vent, silence, tic-tac de pendule.
  • L’étrange: yeux braqués sur lui ; visage quasiment vivant; quelque chose d’étrange; un phénomène mystérieux, incompréhensible, inexplicable, bizarre, singulier, étonnant, anormal, stupéfiant, incroyable, prodigieux.
  • Perception du phénomène et marques d’incertitude: voir distinctement, croire apercevoir, sembler, paraître, avoir l’impression, douter de sa raison, se persuader de l’absurdité d’une telle idée, se demander si, on eût dit, on aurait dit, j’aurais juré, ne pas rêver, effet du délire, vision; Avait-il perdu la raison ? Qu’était-ce donc ?
  • Réactions: frayeur, angoisse, sentir son cœur battre à tout rompre, la chamade, les jambes se dérobaient sous lui, être trempé de sueur, à deux doigts de s’évanouir, au bord de la syncope, tressaillir, être horrifié, pâlir, se mettre à trembler, avoir la chair de poule, avoir les nerfs tendus à l’extrême, la respiration coupée, bouche bée, ne plus avoir de voix, être oppressé, les cheveux se hérissaient sur la tête, médusé par l’angoisse…
un exemple chez Gogol (cité par Le Livre Scolaire 2016)
      Tchartkov est peintre à Saint-Pétersbourg. Il achète un jour un étrange portrait chez un brocanteur. Une nuit, le tableau semble soudainement prendre vie.

     Tchartkov s’approcha encore une fois du portrait pour examiner ces yeux extraordinaires et s’aperçut non sans effroi qu’ils le regardaient. Ce n’était plus là une copie de la nature, mais bien la vie étrange dont aurait pu s’animer le visage d’un cadavre sorti du tombeau. Était-ce un effet de la clarté lunaire, cette messagère du délire qui donne à toutes choses un aspect irréel ? Je ne sais, mais il éprouva un malaise soudain à se trouver seul dans la pièce. Il s’éloigna lentement du portrait, se détourna, s’efforça de ne plus le regarder, mais son œil, impuissant à s’en détacher, louchait sans cesse de ce côté. Finalement, il eut même peur d’arpenter ainsi la pièce : il croyait toujours que quelqu’un allait se mettre à le suivre, et se retournait craintivement. Sans être peureux, il avait les nerfs et l’imagination fort sensibles, et ce soir-là il ne pouvait s’expliquer sa frayeur instinctive. Il s’assit dans un coin, et là encore il eut l’impression qu’un inconnu allait se pencher sur son épaule et le dévisager. Les ronflements de Nikita, qui lui arrivaient de l’antichambre, ne dissipaient point sa terreur. Il quitta craintivement sa place, sans lever les yeux, se dirigea vers son lit et se coucha. À travers les fentes du paravent, il pouvait voir sa chambre éclairée par la lune, ainsi que le portrait accroché bien droit au mur et dont les yeux, toujours fixés sur lui avec une expression de plus en plus effrayante, semblaient décidément ne vouloir regarder rien d’autre que lui. Haletant d’angoisse, il se leva, saisit un drap et, s’approchant du portrait, l’en recouvrit tout entier.

  Quelque peu tranquillisé, il se recoucha et se prit à songer à la pauvreté, au destin misérable des peintres, au chemin semé d’épines qu’ils doivent parcourir sur cette terre ; cependant, à travers une fente du paravent, le portrait attirait toujours invinciblement son regard. Le rayonnement de la lune avivait la blancheur du drap, à travers lequel les terribles yeux semblaient maintenant transparaître. Tchartkov écarquilla les siens, comme pour bien se convaincre qu’il ne rêvait point. Mais non… il voit pour de bon, il voit nettement : le drap a disparu et, dédaignant tout ce qui l’entoure, le portrait entièrement découvert regarde droit vers lui, plonge, oui, c’est le mot exact, plonge au tréfonds de son âme…
Son cœur se glaça. Et soudain il vit le vieillard remuer, s’appuyer des deux mains au cadre, sortir les deux jambes, sauter dans la pièce. La fente ne laissait plus entrevoir que le cadre vide. Un bruit de pas retentit, se rapprocha. Le cœur du pauvre peintre battit violemment. La respiration coupée par l’effroi, il s’attendait à voir le vieillard surgir auprès de lui. Il surgit bientôt en effet, roulant ses grands yeux dans son impassible visage de bronze. Tchartkov voulut crier : il n’avait plus de voix ; il voulut remuer : ses membres ne remuaient point. La bouche bée, le souffle court, il contemplait l’étrange fantôme dont la haute stature se drapait dans son bizarre costume asiatique. Qu’allait-il entreprendre ? […] Il fit un suprême effort pour bouger, poussa un cri et…

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